Devenir sellier harnacheur : entre artisanat d’art et industrie

Devenir sellier harnacheur : entre artisanat d’art et industrie

Le sellier est, à l’origine, le professionnel qui confectionne des selles, harnais et autres équipements en cuir pour les chevaux et l’équitation. Il a donné son nom à un point de couture main : le point sellier. Aujourd’hui, la sellerie renvoie donc à toute activité artisanale ou industrielle qui consiste à fabriquer des articles de maroquinerie avec le point sellier. Cet article se concentre sur les selliers harnacheurs et compare les situations de travail dans l’artisanat et dans l’industrie, qui présentent chacune des avantages et inconvénients qui leur sont propres.

Sellerie : plusieurs voies d’accès au métier

À l’origine, la sellerie est une activité d’artisanat d’art qui est d’ailleurs répertoriée par l’Institut National des Métiers d’Art (INMA). En ce sens, le sellier harnacheur est le garant d’une tradition et d’un savoir-faire uniques qui ne peuvent pas être reproduits par l’autodidaxie : pour exercer ce métier très précis, il faut se former correctement.

Deux possibilités sont envisageables :

  • La formation initiale renvoie à des diplômes d’État : Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), Brevet des métiers d’art, Bac professionnel, Diplôme National des métiers d’art et du design. Ce cursus de formation classique demande plusieurs années d’investissement dans l’apprentissage, il est particulièrement adapté pour les jeunes passionnés.
  • La formation continue renvoie à des cursus courts proposés par des professionnels du métier. Plus coûteuses, mais aussi plus courtes et très professionnalisantes, ces formations sont plus adaptées aux adultes en situation de reconversion qui cherchent à se former rapidement.

Aujourd’hui, la sellerie n’est plus cantonnée aux petits ateliers artisanaux individuels : beaucoup de selliers travaillent ensemble sur des sites de production industrialisés, en tant qu’associés ou que salariés. Des modules de formation sur le travail industriel et les machines spécifiques peuvent donc représenter un avantage au moment de l’embauche.

Le travail de sellier en atelier artisanal ou en industrie

Une fois formé, le sellier harnacheur doit s’équiper pour se préparer à exercer son activité. S’il souhaite travailler seul et s’installer à son compte, il doit tout d’abord trouver un local qui lui servira à la fois d’atelier et de point de vente. Mais, surtout, il doit s’équiper avec des machines professionnelles adaptées au travail du cuir : les machines à coudre pour sellerie spécialisées sont évidemment à privilégier. Investir dans de bons équipements dès le début permet de développer plus facilement son activité par la suite : embauche de salariés, développement du site de production, etc. L’installation, au début de son activité, représente souvent un coût important pour le sellier harnacheur. Pour supporter ces frais, il peut demander un prêt à sa banque ou essayer de trouver un associé avec lequel il partagera les coûts.

La seconde solution est de rejoindre une équipe de sellerie déjà existante. Les petites entreprises où travaillent quelques selliers sont difficiles à rejoindre en tant que salarié, en raison du peu de places disponibles, mais il est parfois possible de s’associer avec un sellier déjà installé pour partager les coûts. En revanche, il est plus aisé de rejoindre une entreprise de sellerie plus développée. Cette solution permet d’éviter tous les frais d’installation et de jouir des avantages du statut de salarié, en plus de pouvoir travailler sur un site de production industrialisé avec des équipements de pointe.

Développer une stratégie de vente

Si, avec une bonne formation et un bon équipement, il est possible de réaliser des pièces de qualité, il faut réussir à vendre ces pièces pour vivre de son art. La stratégie de vente est donc un point absolument essentiel pour le sellier harnacheur indépendant.

Il existe plusieurs manières de vendre ses produits :

  • La vente directe B2C en boutique : elle n’est pas très adaptée à l’activité d’un sellier, à moins que le local se situe à proximité de centres équestres.
  • La vente en ligne B2C : elle permet de toucher plus de clients potentiels et de maximiser les ventes. Elle requiert la création d’un site de e-commerce (enrichi d’une partie vitrine et éventuellement d’une partie blog), de comptes sur les différents réseaux sociaux et d’une stratégie de marketing digital solide.
  • Les partenariats B2B : sur le long terme, c’est probablement la meilleure manière de vendre ses produits. Avec des revendeurs, ils vous assurent un revenu régulier et vous évitent de vous occuper de la vente. Avec des centres équestres, ils permettent de faire connaître vos produits aux pratiquants d’équitation locaux.

À l’inverse, si le sellier harnacheur travaille sur un site de production industriel en tant que salarié, il n’a pas à se soucier de la stratégie de vente qui est développée par l’équipe commerciale : il se concentre uniquement sur son métier de fabrication.

Pour conclure, commencer une activité de sellier en tant qu’artisan indépendant engendre de nombreuses difficultés, notamment au moment de l’installation et au niveau de la commercialisation, qui peuvent être évitées en travaillant pour une entreprise de sellerie industrialisée. Le juste milieu, qui compose avec les avantages et inconvénients des deux premières solutions, consiste à s’associer avec un ou plusieurs selliers déjà installés.